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Photo du rédacteurFrançois Sockeel

Comment la "dépendance au sentier" peut influencer votre portefeuille

Dernière mise à jour : 13 déc. 2022



La "dépendance au sentier" a un impact clé sur la performance de votre portefeuille. Pourtant, la plupart des projections financières l'ignorent complètement. Dans cet article, nous vous proposons d'explorer de quoi il s'agit, et d'apporter des pistes concrètes pour tirer profit de ce biais.


Supposons que nous décidions d'investir 1m€ dans un ETF du S&P500, avec l'intention de ne pas y toucher pendant 30 ans. Si l'ETF dégage une performance de 10% par an, nous aurons donc accumulé environ 17m€ après 30 ans.


Bien entendu, derrière ces 10% se cachent de véritables montagnes russes. Certaines années, nous ferons probablement plus de 10%. D'autres années, nous perdrons 10, 20, peut-être même 50%. Cela fait partie du jeu. Mais in fine, la moyenne des 30 années reste peu ou prou toujours la même : +10%.


Vous êtes toujours avec nous ? Alors creusons un peu. Supposons que, sur les 30 prochaines années, on ait :

  • Une année franchement horrible. Du genre -50%.

  • Deux mauvaises années. Disons -30%.

  • Et, pour compenser, vingt-sept assez bons crus. Nous gagnerons ~17,12% à chacune d'entre elles.

En moyenne, notre rendement annuel sera toujours le même : ~10% sur les 30 années. Par conséquent, que nous obtenions une performance stable de ~10% par an, ou bien ces performances très fluctuantes, le résultat est le même.

Vous remarquerez ici que l'ordre n'a aucune importance. La très mauvaise année, les deux assez mauvaises années, comme les 27 assez bonnes années peuvent être placées dans n'importe quel ordre - nous nous retrouverons toujours avec les mêmes ~17m€ après 30 ans.

L'air de rien, cette indifférence à l'ordre est intéressante. Ainsi, il est inutile de chercher à prédire quelles années seront bonnes et quelles années seront mauvaises. Tant que nous gardons le cap et que nous ne touchons pas à la somme investie, nous savons d'avance que nous nous en sortirons plutôt bien.

Mais il y a un mais


Mais attention : pour que cette indifférence à l’ordre se vérifie, il ne faut ni retirer, ni rajouter au pot. Là est le problème : très peu de gens investissent de cette manière.


Au fur et à mesure que notre carrière évolue et que nous continuons d’épargner, nous continuons de rajouter au pot au fil du temps. À l'opposé, à la retraite, la plupart d'entre nous vendront progressivement leurs positions pour faire face à leurs différentes dépenses. Il faut bien en profiter à un moment, après tout !

Et ça change tout. Car lorsque nous ajoutons et retirons de l'argent de cette manière, l'ordre des années n'est plus sans importance. Paradoxalement, il devient même super important.

Prenons un exemple. Supposons que nous commençons tout juste notre carrière. Nous démarrerons donc avec 0€, et épargnerons 100,000€ par an que nous ajouterons à notre portefeuille. Si nous obtenons un rendement constant de 10% après 30 ans, nous nous retrouverons à nouveau avec nos fameux 17m€.



Reprenons maintenant l'exemple précédent de performances variables chaque année, en supposant que nous ayons les bonnes années d'abord, et les mauvaises à la fin. Par exemple, les 27 premières années seraient les bonnes années ; les 2 années suivantes seraient les plutôt mauvaises ; et en dernier, notre fameuse année apocalyptique à -50%.


Au terme des 30 ans, il ne nous restera plus que…10m€, au lieu des 17m€. En somme, l'ordre fait ici une énorme différence.

Mais l’inverse est-il vrai ?


Et quid de l'inverse ? Les années difficiles d'abord, et les bonnes ensuite ? Cette fois, on se retrouve avec… 57m€, soit presque six fois plus ! Clairement, il est donc préférable de vivre ses pires années au début plutôt qu'à la fin.


La raison est simple : lorsque l'on démarre, on n’investit encore que de petits montants. À ce stade, une mauvaise année ou deux ne peuvent pas faire grand mal en valeur absolue. De plus, ces mauvaises années vous permettront d'acheter à des cours planchers, dont la valeur va ensuite avoir tout le loisir de se démultiplier au cours des 30 prochaines années.

Morale de l'histoire : vivre un krach quand on commence à investir peut sembler terrible sur le moment. En réalité, cela peut être une bénédiction. L'important, comme toujours : rester calme, et continuer à tracer sa route.


C'est cela, la dépendance au sentier : le fait qu'inverser l'ordre entre les performances annuelles peut donner lieu à des résultats très différents. Dans notre exemple, de ~10m€ à ~57m€.

Et dans le sens inverse ?

Vous l'avez peut-être deviné, ce qui constitue un "bon sentier" lorsque nous épargnons, devient un mauvais sentier lorsque nous souhaitons retirer de l'argent de notre portefeuille.

Pour un retraité par exemple, il est bien plus souhaitable d'avoir ses meilleures années au début de sa retraite. Par exemple, supposons que vous souhaitiez vendre l'équivalent de 100,000€ par an de votre portefeuille pour faire face à vos différentes dépenses.



En suivant la règle des 4%, disons que nous commençons avec un portefeuille de 2,5m€. Si nous plaçons les assez mauvaises (-30%) et la très mauvaise (-50%) année à la fin, nous atteignons après 30 ans une valeur de portefeuille de 32m€.

Si nous plaçons ces mauvaises années au début en revanche, notre portefeuille tombe à…0€. La banque route en somme. Et ce, dès la 11ᵉ année !



Autre exemple extrême de dépendance au sentier : l'usage de l'effet de levier. L’ordre des années de performances prises par le cours de l'action a alors un impact encore bien plus déterminant que dans l’exemple évoqué plus haut.


Par exemple, vous investissez dans l'action XYZ avec la conviction que son cours aura doublé dans 5 ans. Vous en êtes tellement convaincu que vous décidez d'investir dans cette action avec un effet de levier x5.


Même si vous aviez justement prédit que l’action XYZ ferait +100% d’ici à 5 ans, si vous avez investi dans un levier x5 et que l’action commence son premier jour par un -15%...Vous partirez déjà avec 15 x 5 = -75% dès le premier jour, chose dont il sera très difficile de se relever. C’est l’une des principales raisons pour laquelle nous déconseillons l’effet de levier.


Comme le dit Gautam Baid dans The Joys of Compounding, « Pour finir premier… Vous devez d’abord finir ».


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François Sockeel

François est le fondateur de bigfish investing. Après un passage en conseil en stratégie ainsi qu'en banque d'affaires, François se dédie désormais à aider les particuliers à mieux décoder les marchés.

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