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Photo du rédacteurHamza Triqui

Les marchés sont-ils vraiment surévalués ?



Si Sapiens existe depuis près de 300,000 ans, il ne dispose hélas de données boursières que depuis 152 ans.


Néanmoins, celui-ci peut sécher ses larmes : cet historique semble a priori fiable. Et d'après ces données (qui remontent à 1871 tout de même), le S&P 500 serait aujourd'hui largement surévalué. Son ratio cours/bénéfice moyen historique est d'environ 26 actuellement, contre 16 historiquement - soit une surévaluation XXL de 60% en comparaison de la moyenne historique.


Alors, faut-il tout vendre pour autant ? Bien qu'il soit impossible de prédire l'avenir, nous pensons que la réponse est clairement, non.


Pourquoi ? Car la moyenne historique du ratio cours/bénéfice n'est peut-être pas aussi pertinente qu'il n'y paraît.


Si nous devions résumer l'histoire des marchés financiers, et notamment de ce fameux ratio P/E :

  • De 1871 à 1929 : le Sahara. La SEC n'existait pas, et les données publiques sur les entreprises étaient rares. Les investisseurs ne savaient qu'une entreprise était légale que par le dividende qu'elle offrait. C'est tout ce qui comptait. Personne ne se souciait du ratio cours/bénéfice. Cela nous fait déjà 58 ans de données inutiles.

  • Pendant les trois décennies qui ont suivi, Benjamin Graham a été la figure de proue de l'investissement. Il était tellement marqué par les pertes subies pendant la Grande Dépression qu'il n'insistait que sur l'achat d'entreprises dont le cours était inférieur à leur fonds de roulement. Ce n'est tout simplement plus le cas aujourd'hui. Encore 30 ans de données hélas bien peu utiles.

  • De 1960 à 1992, la moyenne des entreprises du S&P 500 n'a augmenté son bénéfice par action que de 0,2 % par an. Mais de 1992 à 2021, grâce à internet, aux faibles taux d'intérêt et à la mondialisation, ils ont augmenté de 6,5 % par an. Enfin, il est devenu logique de payer pour la croissance ! Encore trois décennies de données à mettre à la poubelle.

Nous n'avons donc finalement que 30 ans de données pertinentes à notre disposition. Mais sur cette période, le ratio cours/bénéfice moyen du marché était de 24,7. Le marché actuel ne serait donc pas surévalué de 60%, mais de seulement 6%. Inspirez, puis expirez.


Cet exemple montre bien à quel point l'art de la valorisation peut être déroutant. Quantitatif et objectif a priori, valoriser un marché (ou pire, une entreprise !) est un exercice ô combien périlleux, qui ne doit en conséquence jamais représenter une trop grosse part de vos critères de décision.


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Hamza Triqui

Hamza est rédacteur chez bigfish investing. Ancien banquier d'affaires chez Lincoln International, Hamza dispose d'une connaissance hors pair du secteur des services financiers.

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