En France, il existe deux principaux supports pour investir en bourse : le PEA (Plan Epargne Actions), et le CTO (Compte-Titres Ordinaire, ou plus simplement compte-titres). On vous aide à faire votre choix.
CTO et PEA sont souvent mis en opposition pour investir en bourse, et les débats font rage entre les adeptes du PEA, et les amateurs de CTO. Nous allons ici tâcher de vous expliquer le plus simplement possible comment fonctionne chacun de ces supports, puis leurs avantages et inconvénients, afin de vous aider à faire votre choix.
Commençons par le plus simple : le compte-titres.
Compte-titres (CTO)
Si nous devions résumer la force du compte-titres en un mot, ce serait la flexibilité.
Un compte-titres est un compte bancaire au sein duquel vous pouvez acheter des actions du monde entier, ainsi que d’autres titres financiers :
des obligations (obligations d’entreprises, bons du Trésor et OAT) ;
des fonds d’investissement (OPCVM) ;
des produits dérivés (warrants, options, CFD, turbos, contrats à terme).
Si vous débutez, il n'est pas nécessaire de maîtriser les notions d'OPCVM, warrants, options, CFDs...En revanche, nous vous recommandons de savoir ce qu'est une action ainsi qu'un ETF avant d'investir.
Fonctionnement
Tout compte-titres est scindé en deux compartiments :
L’un dans lequel sont conservées vos actions et autres titres financiers ;
L’autre, dans lequel sont conservées vos espèces non investies, comme votre compte courant. On appelle tout naturellement ce compartiment "compte-espèces".
Chaque fois que vous enverrez de l'argent de votre banque vers votre compte-titres, celui-ci atterrira sur votre compte-espèce. Exactement comme lorsqu'un ami vous envoie de l'argent sur votre compte bancaire, et que celui-ci atterrit sur votre compte courant.
Avec cette somme, vous pourrez acheter vos premiers titres financiers. L'argent sortira donc du compte-espèces pour financer vos nouveaux titres. À l'inverse, chaque fois que vous vendrez un titre, l'argent issu de la vente retournera sur votre compte-espèces. Simple non ?
Pour cela, il faudra transmettre un ordre de bourse, qui sera exécuté par votre courtier. Nous reviendrons plus en détail sur ce point à la fin de cet article.
Vous pouvez faire autant de versements et de retraits que vous le souhaitez. De plus, le compte-titres n’a aucun plafond, et vous pouvez avoir autant de comptes-titres dans autant de banques/courtiers que bon vous semble. Surtout, vous pouvez acheter n'importe quelle action dans le monde, de Michelin à Tesla en passant par Alibaba. Bref, vous êtes ultra-flexible : c’est le principal avantage du CTO !
Quels inconvénients ?
Le talon d'Achille du compte-titres, c'est sa fiscalité.
Chaque plus-value réalisée lors de la vente d'une action ou d'un quelconque titre financier, est imposée à 30% (il s'agit de la fameuse flat tax mise en place par Macron). Même tarif pour vos éventuels dividendes perçus.
Pour prendre un exemple, vous achetez aujourd'hui l'action AAA à 100€. Par chance, trois mois plus tard, elle en vaut 150€. Si vous décidez de la vendre à ce moment-là, la plus-value étant de 150 -100 = 50€, vous serez donc redevable au fisc français de 30% x 50€ = 15€.
Comment ouvrir un compte-titres ?
Vous pouvez ouvrir un compte-titres soit auprès de n'importe quelle banque, soit auprès d’un courtier spécialisé. Attention, car tous ne se valent pas, loin de là. Nous avons réalisé un palmarès complet des meilleurs CTO pour vous aider à faire votre choix.
L’ouverture d'un compte-titres peut se faire en 10 minutes en ligne, sur présentation des justificatifs d’identité usuels.
En bref :
Le compte-titres vous permet d'investir dans des actions et produits du monde entier.
Vous pouvez avoir autant de compte-titres que vous le souhaitez.
Il n'y a aucun plafond, ni minimum de versement.
L'argent est récupérable à tout moment.
Passons maintenant au PEA.
PEA
S'il fallait résumer le PEA en un mot : sans doute la contrainte...Mais au service d'une fiscalité avantageuse.
Car des contraintes, il y en a :
Vous ne pouvez détenir qu'un PEA par personne, avec un plafond de versements de 150,000€ ;
Les sommes versées sur le PEA sont bloquées : aucun retrait du PEA n'est possible jusqu'à 5 ans après sa date d'ouverture, sans quoi le PEA sera automatiquement clôturé et imposé au même titre qu'un compte-titres (30%) ;
Le PEA se limite aux actions et ETFs, ainsi qu'à certaines SICAV et FCPs sous conditions (pas besoin de retenir ces termes pour le moment si vous débutez). Pas très grave me direz-vous, le principal étant de pouvoir investir dans des actions. Mais ce n'est pas tout...
...Car la principale contrainte est géographique : vous ne pouvez investir que dans des actions d'entreprises de l'Union Européenne. Et ça, c'est un vrai obstacle.
Pourquoi ? Car en moyenne, les marchés européens s'avèrent bien moins dynamiques que les marchés américains. Pour ne comparer que la France et les Etats-Unis : sur les 10 dernières années, le CAC40 a progressé de +150%. Cela vous semble beaucoup ? Très peu pour le S&P500, l'indice boursier de référence américain, qui a lui progressé de +341% sur la même période !
En vous cantonnant à des actions d'entreprises européennes, rien ne vous empêche bien sûr d'obtenir d'excellentes performances ; sachez simplement que la chance joue moins en votre faveur.
Heureusement, certains ETFs éligibles PEA (produits par Lyxor, Amundi et BNP Paribas notamment) vous permettront d'investir sur des indices boursiers américains via votre PEA. Mais cela s'arrête là.
Quel est l'intérêt du PEA alors ?
Une fois les 5 années depuis la date d'ouverture écoulées, vous devenez libre d'y retirer et verser de l'argent sans que cela n'entraîne sa clôture, exactement comme un compte-titres ;
Une fois les 5 années écoulées, les plus-values et dividendes ne seront plus imposés à 30%, mais à 17.2% ;
Contrairement au compte-titres, le PEA est ce que l'on appelle une enveloppe fiscale. Et cela change beaucoup de choses.
Rappelez-vous : au sein d'un compte-titres, vous êtes imposé sur chaque vente. Dans un PEA, vous êtes imposé sur vos sorties d'argent. Autrement dit, vous n'êtes pas imposé si vous vendez une action, mais conservez les liquidités au sein de votre PEA. Du moins, pas encore. Vous ne serez imposé que lorsque vous sortirez l'argent de votre PEA.
Cela vous permet :
De bénéficier au maximum des intérêts composés. Puisque vous êtes libre d'acheter et vendre autant d'actions que vous le voulez sans être à chaque fois redevable au fisc, vous repoussez à plus tard le passage en caisse. Et en attendant, vous pouvez faire fructifier au maximum cet argent.
De la même manière, si vous détenez des actions à dividendes et que vous réinvestissez à chaque fois ces dividendes, il n'y aura aucune déperdition entre le versement du dividende et le réinvestissement, puisque vous n'avez rien à donner de ce dividende à l'État. Seul l'argent qui sort du PEA est comptabilisé.
Exemple
Prenons un exemple pour comprendre l'intérêt majeur de ce statut d'enveloppe fiscale.
Pierre investit 10,000€ via un compte-titres, quand Paul investit 10,000€ via un PEA (ouvert il y a plus de 5 ans). Tous deux réalisent les mêmes mouvements : chaque année, ils investissent 100% de leur portefeuille sur l'action PAIR les années paires, pour réinvestir 100% de leur portefeuille sur l'action IMPAIR les années impaires.
On suppose que PAIR et IMPAIR prennent systématiquement 10% de valeur par an. Nous faisons abstraction des frais de transactions. Observons la différence, après retrait et donc nette d'impôts au bout de 20 ans :
La différence est très importante, +48%. Mais cet écart s'explique aussi et surtout par la différence d'imposition entre les deux supports (17.2% vs. 30%).
Alors pour isoler l'impact du statut d'enveloppe du PEA, refaisons la même simulation à un détail près. On suppose désormais que le compte-titres soit lui aussi imposé à 17.2% et non 30%. En revanche, Pierre reste taxé sur chaque transaction, quand Paul n'est taxé que sur son retrait réalisé au bout de 20 ans, comme le veut tout PEA.
Avec une même imposition, Paul finit pourtant avec un portefeuille 17% supérieur à celui de Pierre. Ce statut d'enveloppe du PEA est souvent négligé dans les comparaisons entre PEA et compte-titres, pourtant son impact est loin d'être négligeable.
Notez que cet écart de performance est logiquement proportionnel au nombre de transaction réalisées. Si vous ne touchez jamais à votre portefeuille et que vos actions ne versent pas de dividendes, alors le statut d'enveloppe du PEA n'aura aucune importance.
Conclusion
Ces deux supports sont donc parfaitement complémentaires :
Le compte-titres vous donnera accès aux actions les plus intéressantes, et donc à des performances potentiellement plus élevées
Le PEA vous permettra de minimiser l'impact des impôts sur vos investissements européens, ou d'investir sur quelques ETFs non-européens.
Si vous voulez notre avis, l'idéal est d'avoir les deux. Pour notre part, nous utilisons majoritairement notre compte-titres, car nous considérons que l'écart de performance entre marchés américains et européens a un impact bien plus important sur votre performance nette que la ristourne fiscale offerte par le PEA. A ce titre, la grande majorité des sociétés composant notre sélection d'actions favorites n'est pas éligible au PEA.
En revanche, nous sommes ravis d'utiliser notre PEA lorsque nous voulons investir dans un ETF, ou acheter une action d'une société européenne. Quand on peut avoir une réduction fiscale, autant en profiter ! Mais nous n'en faisons pas un critère d'investissement, tant cet avantage est mineur en comparaison de ce dans quoi vous investissez.
Pour savoir dans quelles banques ouvrir son PEA et son compte-titres, nous avons réalisé un comparatif des meilleurs courtiers ici. Profitez-en !
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François Sockeel
François est le fondateur de bigfish investing. Son action favorite est Crowdstrike, pour sa capacité à maintenir une avance technologique considérable sur un marché de la cybersécurité en plein essor.
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