Les cours des actions reflètent les attentes de performance d'une société. Lorsque ces attentes changent, les cours en sont forcément impactés, amenant au fameux krach.
Si cette vérité est facile à admettre, il en est tout autre en pratique. Lorsque survient une forte baisse, l'incertitude nous fait facilement oublier que ces krachs sont normaux, résultant en une panique générale qui ne fait qu'envenimer la baisse des cours.
La principale raison à cela est que chaque krach est différent. Plus précisément, chaque krach a une histoire différente.
Les investisseurs ont beau savoir que cela arrive régulièrement, on finit toujours par croire que "cette fois, c'est différent". Cela a pour effet d'accroitre la peur, car il n'y a alors aucun précédent historique auquel se raccrocher.
Bien que la cause soit toujours différente, il ne faut pourtant pas perdre de vue que le mécanisme lui, est souvent similaire. C'est cela qu'il faut avoir en tête lors d'un krach : quand bien même le monde semble s'effondrer sous nos pieds, certaines choses restent malgré tout à peu près sûres.
Plus vous aurez conscience de ce qui et rationnel et ce qui ne l'est pas dans un krach, plus vous pourrez atténuer votre sentiment de panique et aborder avec sérénité la chute.
Prenons deux profils : Pierre et Jean.
Pierre est le profil type de la plupart des investisseurs particuliers. Pierre connaît assez mal ses actions : il a investi en suivant les recommandations de son oncle. Dès qu'une forte baisse survient, il allume sa télévision et écoute les experts annoncer un cataclysme. Pierre panique.
Après 15% de baisse, il décide de vendre ses positions, tout le monde annonçant des baisses bien plus fortes à venir. Quand la bourse finit par remonter, il pense "ce n'est qu'une petite respiration avant la rechute, je ne me ferai pas avoir". Lorsque les marchés ont vraiment remonté, il est trop tard pour Pierre. Bilan : des pertes conséquentes avant de vendre, des gains quasi nuls sur la remontée.
Jean représente une minorité d'investisseurs. Bien renseigné sur les erreurs typiques des investisseurs débutant, doublé d'une bonne connaissance des sociétés dans lesquelles il investit, Jean ne craint pas les krachs : il investit sur le long terme, un krach est donc plutôt une bonne chose pour lui.
Cela lui permet d'accroître progressivement les positions en lesquelles il a le plus confiance. Il sait que ces fluctuations du marché ne rendent pas ses sociétés moins attrayantes sur le long terme.
Ainsi, un krach lui permet d'acheter les actions qui lui semblent les plus prometteuses au rabais. Dans l'éventualité où Jean n'avait pas gardé de cash à disposition, ce n'est pas bien grave : il se contente d'attendre.
Jean a retenu un élément essentiel : tant qu'il ne vend pas, il n'a rien perdu. Vendre, c'est rendre concret l'impact d'une chute sur votre portefeuille.
La recherche donne raison à Jean. Dans leur étude parue en 2017 Negative Bubbles: What Happens After a Crash, William Goetzmann et Dasol Kim concluent d'après l'étude de 1,062 krachs survenus sur 101 places boursières de 1692 à 2015 que la probabilité d'une forte montée des cours était plus élevée qu'ordinaire après un krach.
Ainsi, 6 des 10 meilleurs jours de performance du S&P500 enregistrés entre 2000 et 2020 sont survenus dans les 2 semaines qui ont suivi les 10 pires jours.
L'étude déplore ainsi que lors d'un krach, les investisseurs tendent à réduire leur allocation en actions, et montre qu'il s'agit de la solution la plus défavorable à une valorisation de son portefeuille. En baissant votre allocation, vous vous empêchez de profiter comme il se doit de la remontée des cours.
Prenons un exemple avec le S&P500. Depuis 1926 jusqu'au krach lié à la covid-19, celui-ci a réalisé une performance annualisée d'environ 10%. Mais si nous en retirons les 10 meilleurs mois de la période (soit le top 0.9% des meilleurs mois), alors le rendement annualisé tombe à 7.7%. C'est 2.3% de rendement en moins chaque année, simplement pour avoir manqué 10 petits mois sur presque un siècle d'analyse.
Mais il y a pire. La majorité de ces 10 mois sont survenus pendant ou juste après un krach. Ainsi, en ayant vendu pendant ces krachs, vous n'auriez pas pu profiter de ces hausses, et auriez donc obtenu un rendement bien moindre à celui d'un investisseur passif.
"Plus facile à dire qu'à faire", me direz-vous. En effet, même avec ces chiffres en tête, il peut être difficile de ne pas paniquer.
C'est dans ce genre de moments difficiles qu'une bonne psychologie ainsi qu'une bonne connaissance et confiance en vos positions s'avèrent cruciales. Sans conviction solide sur ses positions, il est normal de prendre peur lorsque l'on constate que ses positions chutent, car on se dit que l'on n'est globalement moins bien placé que le reste du marché pour savoir si détenir ses actions est une bonne idée.
A l'opposé, si vous avez développé une connaissance solide de vos actions, vous ne douterez pas. Vous devrez bien sûr évaluer les raisons de la baisse et voir si elles affectent ou non votre conviction. Mais connaître avec précision vos actions et savoir pourquoi vous croyez en elles vous fera tenir la barque même dans les moments les plus difficiles.
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François Sockeel
François est le fondateur de bigfish. Son action favorite est Crowdstrike, pour sa capacité à maintenir une avance technologique considérable sur un marché de la cybersécurité en plein essor.
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