Chaque fois que nous achetons une action (avec l'intention de la conserver à long terme), nous faisons un pari implicite sur la longévité de l'entreprise sous-jacente :
Combien de temps celle-ci va survivre,
Combien de temps elle va continuer à croître/à nous verser des dividendes, etc.
Le capitalisme est brutal. Des milliers d'entreprises périssent chaque jour. Si nous payons pour l'action d'une entreprise, nous devons donc avoir une idée approximative de sa longévité.
Et s'il y a bien un investisseur qui excelle à ce jeu, c'est bien Warren Buffett (encore lui !)
En effet, la plupart des investissements de Buffett - American Express, Coca Cola ou BNSF - ont une durée de vie TRÈS longue. Et année après année, décennie après décennie, ces géants continuent d'envoyer leur argent directement dans la poche de Buffett.
Alors, comment évaluer la longévité d'une entreprise ?
Pour cela, j'aime beaucoup ce qu'on appelle "l'effet tortue".
Il s'agit de l'idée selon laquelle les choses qui ont déjà résisté à l'épreuve du temps, ont également de fortes chances de continuer à survivre à l'avenir.
Par exemple, si une tortue a survécu ces vingt dernières années, il y a de fortes chances qu'elle survive encore au cours des vingt prochaines.
En y réfléchissant, cette idée est assez logique. Si quelque chose a survécu pendant longtemps, c'est peut-être car il renferme une certaine force intrinsèque. Une certaine immunité contre les vicissitudes de la vie. Et cette immunité a toutes ses chances de continuer dans le futur.
Par exemple, de nombreux pays d'Afrique Subsaharienne souffrent d'une mortalité infantile élevée. Une fraction élevée de ces enfants meurt avant même d'avoir atteint l'âge d'un an.
Mais une part beaucoup plus négligeable d'enfants de 5 ans meurent avant d'avoir 6 ans. Pourquoi ? Parce que le fait même qu'un enfant ait survécu jusqu'à l'âge de 5 ans est un indicateur de bonne santé - absence de malformations congénitales, immunité décente contre les maladies et les infections, etc.
Plus leur âge augmente, plus ces enfants ont des chances de continuer à survivre -- pour finalement devenir des adultes en bonne santé.
La même logique peut s'appliquer aux entreprises : une grande partie d'entre elles meurt au cours de leur première année. Mais celles qui ont surmonté ces obstacles ont probablement quelque chose en plus. Une sorte de pré-rempart concurrentiel.
Mais gare aux apparences !
Voici ce qui rend l'investissement difficile : ce n'est pas parce qu'une entreprise ressemble à une tortue qu'elle en est une.
Certaines entreprises peuvent avoir survécu longtemps. Mais ce n'est pas forcément parce qu'elles sont fortes, ou durables. Cela peut être dû à la chance.
Ces entreprises ne sont pas des tortues. On les appellera des dindes.
La vie de la dinde commence merveilleusement bien. Elle survit et prospère jour après jour - pendant 364 jours. Jusqu'au jour de Noël, où elle est cruellement abattue. De la même manière, ce n'est pas parce qu'une entreprise a bien réussi pendant quelques années qu'elle a un rempart concurrentiel.
L'entreprise a peut-être simplement eu de la chance. Il s'agit sûrement en fait d'une dinde sur le point d'être abattue, et non d'une poule aux œufs d'or.
Alors, comment distinguer les tortues des dindes ?
La distinction clé est la suivante : année après année, les tortues sont de plus en plus difficiles à abattre. Leur carapace s'endurcit, si bien qu'elles continuent d'améliorer leur rempart concurrentiel au fil du temps. Chaque année qui ne les tue pas les rend plus forts, comme dirait l'autre.
En revanche, une dinde de Noël est aussi facile à abattre au 365e jour qu'au premier. Les dindes ne deviennent pas vraiment plus résistantes ou plus difficiles à tuer avec le temps. Elles tentent juste leur chance tant qu'elle dure.
Ainsi, lorsque nous analysons une entreprise, nous devrions chercher des signes tangibles que l'entreprise se renforce au fil du temps. Par exemple, vous le savez, nous aimons sélectionner des entreprises dont les produits deviennent de plus en plus "collants" au fil du temps.
Prenons Apple. Je ne sais pas vous, mais pour ma part, je suis beaucoup plus dépendant des produits et services d'Apple qu'il y a cinq ans.
J'emploie aujourd'hui l'écosystème Apple pour lire, prendre des notes, écouter la musique, textoter, lire mes e-mails, et bien d'autres choses encore ! S'il y a suffisamment de gens dans mon cas, c'est qu'Apple est probablement une bonne vieille tortue.
Une autre exemple de catégorie de tortues : celles qui redistribuent leurs économies d'échelle. Ces entreprises sont capables de tirer profit de leur taille croissante pour réduire leurs coûts. Mais au lieu d'utiliser ce surplus de profits pour augmenter leurs dividendes ou que sais-je, elles le réinvestissent dans l'amélioration de l'expérience de leurs clients. Il devient alors de plus en plus difficile pour un nouvel entrant de les mettre à genoux.
Par exemple, voici un extrait des lettres de Nick Sleep et Qais Zakaria sur le Nomad Partnership, qui décrit comment ce modèle fonctionne à merveille pour Costco :
En tant qu'investisseurs de long terme, nous voulons des entreprises qui continueront à croître sur la durée. Alors, on sait que Noël approche, mais pour une fois, laissez la dinde. Optez pour la tortue.
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Baptiste Martin
Baptiste est rédacteur chez bigfish investing. Spécialiste de la modélisation financière, Baptiste scrute chaque mois les comptes de centaines d'entreprises pour n'en garder que la crème de la crème.
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